Histoire

Situation géographique : à 20 km de Vendôme (42 mn en TGV), 40 km de Blois, 50 km d’Orléans.
Le village est logé sur les coteaux gauches de la vallée du Loir, ce qui lui procure tout son charme.

Histoire : (tiré du livre du Marquis de Rochambeau : Le vendômois -épigraphie et iconographie.)
On a retrouvé les vestiges d’une villa romaine datant du IVe siècle. Au moyen-age Morée
appartenait à deux grands monastères et relevait de la baronnie de Marchenoir. Ensuite, Morée fait partie du diocèse de Blois. Son église date du XIe siècle, elle se nomme Notre-Dame des Hautes-Forêts. Le 10
avril 1632, une bande de soldats mit la ville à feu et à sang. Un terrible incendie ravagea complètement Morée le 19 septembre 1652. La mairie de Morée est située dans une maison du XVe siècle avec tourelle et escalier en pierre. Un hôpital est fondé en 1614, celui-ci deviendra l’hospice le 04 mai 1697 par arrêt du conseil d’état.

Histoire : (tiré du dictionnaire topographique, historique, biographique, généalogique et héraldique du vendomois et l’arrondissement de vendôme par R. de Saint Venant, 1969)

Morée (Canton de). – Un des huit cantons de l’arrondissement de Vendôme situé dans le Nord de l’arrondissement. – Il a pour limites : Au Nord, le canton de Droué et celui de Cloyes (Eure-et-Loir); à l’Est, ceux d’Ouzouer-le-Marché  et de Marchenoir (arrondissement de Blois) ; au Sud, celui de Vendôme; à l’est, ceux de Savigny, de Mondoubleau et de Droué. – Superficie : 24955 hectares.  Population : 9.744 habitants en 1911.
A l’époque révolutionnaire, le canton de Morée était du district de Vendôme et comprenait les I4 communes suivantes. – Morée, Brévainville, Busloup, la Chapelle-Enchéry, Fréteval, Lignières, Lisle,
Pezou, Renay, St-Claude-Frémentel, SI-Firmin-des-Prés, St-Hilaire-la-Gravelle, St-jean-Frémentel, St-Lubin-des-Prés.
Les 13 communes qui composent aujourd’hui son canton s’ont les suivantes : Morée, Brévainville, Busloup, Danzé, Fréteval, Lignières, Lisle, Pezou, Rahard, St-Firmin des Prés, St-Hilaire-la-Gravelle, St-jean-Frémentel, et la Ville-aux-Clerc.,.
Les communes de St-Claude-Froidmentel  et St-Lubin-des-Prés sont supprimées depuis 1811 et les communes de la Chapelle-Anschéry  et de Renay sont rattachées au canton de Selommes.
– Le canton de la Ville-aux-Clercs supprimé céda ainsi à celui de Morée les communes du Rouillis (devenu Rahart), de la Ville-aux-Clercs, et de Danzé.
On trouve comme conseillés généraux de Morée : –
Bessirard-Latouche, 1834. — De Malartic, 1837. – Vte de Villebresme,1843. – Crosnier, 1845- Larochefoucault, duc de Doudeauville,1867. Milleret, 1880. – Cantagrel, 1886.  Gaston Bozérian, 1890.
Chereau, 1899.  Piédallu, 1905.
Conseillers d’arrondissement :  Martellière, 1834, – Henrion, 1848.  Bruère, 1874. – Moreau, 1886. – Godard, 1890 – Piédallu, 1893. – Dumaus, 1905.

Juges de Paix  :  Simon Connabert. résidant à Biternay, commune de Lignières, 1790 – Bois, 1791. – Cochereau, an IV.  Méreaux des Bancheries, 1827- Bourgogne, 1844. – Henrion, 1845.
– Duvau, 1869. – Silly, 1875- Jamain, 1895 – Deleuze, 1897. – Roulin, I897- JOLLY, 1907.

Morée, ville et commune, chef lieu de Canton, 21 km au NE de Vendôme.

Morioe, 1074 (Cart. de la Trinité). Moreoe, Moreioe, Franca-Villa, XIès (Cart. de Marm.) – Maroil, 1214, (Cart. de la Trinité). – Morehioe, XIIIè s., (Cart. de Marm.) – Moriers, Mores XIIIè s., (Pouillé Chartrain). –
Mores et Morées, XVè s. – Morée (Cartes de Cassini et de l’Etat-Major). –
La ville de Morée doit avoir pour armoiries celles de son ancien prieuré autour duquel elle a été fondée.  D’argent à 3 fasces d’azur.

Merci à FranceGenweb pour la réalisation
Cette commune est limitée au Nord par celle de Brevainville, à l’Est par celle de Moisy (arrondissement de Blois), au Sud par Ecoman (même arrondissement) et par Fréteval, à l’Est par Fréteval et
st-Hilaire. – Elle est arrosée par le Loir qui la limite à I’Est et par le ruisseau d’Ecoman appelé le Baignant qui arrose le bas du bourg. – Le bourg de Morée est traversé par la grande route du Mans à Orléans. – Les
stations de chemin de fer les plus proches de Morée sont au Nord a St-Hilaire 4 kil. et au Sud, Fréteval à 3 kil. Une nouvelle route de Morée à Fréteval, actuellement en construction, (1909) avec pont sur le Loir, va
raccourcir cette distance d’au moins un kilomètre.
Lieux
habités
: Son bourg qui compte 234 maisons et 574 habitants (1911).

– La Corbonnière, 8o hab. – La Bosse, 5o hab. – La Petite-Haie, 51 hab. La Blinière , 48 hab. – Villepot, 38 hab. ,- Les Ruelles, 28 hab. La Maugerie,34  hab – Villeprover. l’Autruère. -La Grande et Petite
Haie. Girondin.- Belair. – La Houssaye.La Coffinière. la Charronnière. Les Girardières. Chevernay. – Thireau.La Boissière.- Les Bretonnières.Le grand et le petit Chatelet. – La Brouillerie. – Les Fougerets, anc. fief. – La Coutancellerie. – Glatigny. – La Roussinière. – Fosse-Fée. – Le Chêneteau.
– La Mercerie. – Le Ménil des Vallées, ancien fief. – Poule. – La Hie et Basse Filière. – La Vallée-Verte. – La Perrine, alic. fief. – Le Prieuré. – La TuilerieNord et la Tuilerie-Sud. – La Bertinière.

Lieux-dits  : – Malevin, les Hagards, la Bicane, la Bruyère-Solmeaux, les Fouhues, la Vallée de Rouge-Crotte, le Bas de la Passe, Varise, la Pantenne, la Grande-Queue, le Poirier-de-fer, les Pots,
la Butte de la Thibaudière, la Vallée-Mordret, les Fontenelles, la Chaussée-du-Langault, la Fontaine-effondrée, le Dué ou Duet, le Cul de la Foureine, les Ternes, les Pierres-des-Fées, le Chemin-Touin, le,
Aiguillères, les Neolles, les Souciaux, le jardin Jameau, l’Aspic, l’oratoire, le Ruyaurouge, le Buisson Genieux,  Petits-Glénargants, la rue-du-Gat, les Thibaudières, Malabry, la Côte de la Rabinière, le
Poirier-de-Cabillol, la Fosse du Foisne, la Haie-Bélier, la Butte-du-Sicot, le Bois-Chartier, la Fosse-Bodet, le Puits de la Vignière, la Sarroie, les Bézards, la Bézardière, la Michauderie, la Barthenière, le
Portail-de-Beauce, la Marche, Chaleau, les Foyards, la FosseEffraye, le Clos-Marchand, le Compas, la Bonne-Aeuvre, la Diabletière, la ValléeFauvellière, les Barbeaux, la Fosse-aux-Soucys, Haute-Voix, la
Brèche, QueueLevée, la Grosse-Pierre, la Vallée-Guilbardeau., le Bois-du-Hazon, la Commune, la Haie-Guizon, Lutériau, Villeborée, la Perronière, la Hupinière, le Château-Flourion, la Pucelle, l’Audrière, le
Bois-Griche, la jolivière, le Bois-du-Refuge, la Rue-Chèvre, la Noue-Clouet, la Tourelle-des-Champs, la Croix-Breton, la Pelle-à-Four, la Noue-Lapin, la Vallée-Gironde, la Croix-Rouge, Gandelaine, le Carré-de-Bretagne, la Poissetière, la Grosse-Borne, la Fosse-Richard, les Gondrées, la Bouelle-des-Compagnons, les Prés de la Nation, la Colaie, lesPrés-Bugnons, St-Cyr, anc. chapelle, le Gué-St-Lubin, le Gouffre, le
Bois-jameau, le Murger-Mordret, le Mont-Barry, le Chio, les Hatris, les Portières, les Craux, la Potironne, le Soufflet,. les Caves, la Vigne d’Amour, Pierre-de-Loups, le Bois de la Guille, le Clos-Godard,
l’Avant-Porte, l’Ouche, la Butte-du-Fougeret, Pierre Paroche, le Buisson de le la Trique, le Davenier, le Marchais-Blin, la Noue-Villebout, la Gouzie, le Guinier-Berteaux, la Queue-de-Chien, la Guerroye, la
Pierre-des- Manceaux, la rue du Gat, le Pré-du-Roi ou Prix-du-Roi, ou encore Prairie-du-Roy, la Détourne, la Maison-au-Ioup, la Tripetterie, la Roue-Frieure, les Mazuvières, le Bray, la Servoie, les Etelées, les
Prés-du-Ran, la Haie-Bêlier, la Butte-aux-Signaux, la Cornetterie, la Noue-Forest, les Dordaises, Villeborée, le Croc-des-Tonnes, la Blandinière, la Cloiterie, Joguelet, la Rue-Escare, Bégault, la
Morillière, la Boulardière, les Fontenailles, la Fontaine de Pissoison, la Pairègue, le Bois-Grisché, Vaupavouer, le Merisier-Breteaux, le Gault, le Gaudré, les Vignes-Brenetières, Liénargan, les Harteries, Fosse-Breinière, Miaslé, le Hutereau, les Vénétières, lardèze, le Buisson de la Ripe, les
Bezards, Pillé, Chesnereau, la Futaie-Buissonnaye, la Couture, Vigny, la Fosse en Lay, le Haut-Proué, les Agathes, le Cul de la Foussière, le Pré de la Buffe, le Terroir, la Fosse-Fée, etc.

Superficie. – 2506 hectares. – Altitude du bourg (église) 139 m
– Cadastre terminé en 1832 par Lamotte et Wantot.
– Poste du lieu. –
Chef-lieu de perception qui comprend les communes de Morée, St-Hilaire, Brevainville et St jean Frémentel. – Assemblées le 15 aout et le dimanche qui suit le 15 septembre. – Marché le lundi.

Population. – 8o paroissiens au XIIIe s. – 200 feux en 1770. (Expilly). – 1O4O habitants en 1792. – 877 hab en 1816. – 922 en 1821. – 1001 en 1826. – 1233 en 1831 – – 1229 en 1836 – 1283 en 1841. 1325 en
1846. – 1309 en 1851  – 1300 en 1856 – 1327 en 1861 -1401 en 1866 – 1379 en 1872. – 1539 en 1876 – 1387 en 1881 – 1424 en 1886 – 1354 en 1891 – 1309 en 1896 – 1267 en 1901 – 1244 en 1906. – 1139 en 1911 – (Cette commune a perdu 4oo habitants depuis 1876, soit un tiers de ses
habitants).
Les registres paroissiaux de Morée commencent en 1612.

– Noms Principaux qu’on y rencontrent : Reffuge du Couldré, Duru, Renty, Beauxoncles, Carmelet du Chesne, Tergnier, Mervilliers, Poulain des Touches, Lenfant de Mosny, Du Regnier, Fromentière, La Noue, Calouet, Costé de la Roche, Malier, Marchand d’Escoman, Vannier de Lisle, de Gille,
de Megret, Marescot, de Bienvenu de la Pierre, Deschelles, de Brie, Chéreau, Poullard, Duboys, Vignon, de la Fosse, Coutance, Béquignon, de Vallande, du Buis de la Planche, Guernard, Souin, Leviston, Lhospital, De Bruet de la Chesnaye, de Robineau, Thiville, Bernardon de Bouville, de Lorin, Pilverdier, Meslin, Le Barbier, Huard des Landes, Daussouin , de Chartres, Michau de Coligny, Vimeur d’Aupuy, Rossignol de Montcheux, Grimaudet, de Morre ou Morée, Ragot, Clermont, Gillebert de Chesnevert,
Deschallards de la Garanne, Roger, de Merlin ou Meslin, Brossard, de Villiers, Le Courtois de la Musse, du Plessis de Beaujeu, de la Mire, Laurain ou Lorrin, des Fougerais, Noyer des Fougerets.
Curés :
– Henri Corbeau 1579, jean Aurain 1580 – Macé Clergeau 1592 – Michel Poussin, 16l2 – François Camus, 1626. – Julien Lestillard, 1628, mort le 5 juin 1663. – Jean Basset, 1671, mort 25 novembre, 1678. – Javelle, 1687. – Jean Costet, 1697, mort 25 nov. 1708. – Lucquet, 1713. – Jean-Baptiste
Sorin, 1727. – Melchior Magrath, prêtre irlandais, desservant, vers 1735 – L. Céleste, prieur de Seillac et desservant de Morée, 1737. Boutault de Russy, desservant, 1738. Challine, bachelier en Sorbonne, prieur de Villemardi, desservant la cure de Morée, 1742. – Faussabry, desservant, 1746. – Jean-Baptiste Sorin derechef, rentré dans sa cure le 28 février 1748, inhumé à 62 ans. le 7 décembre 1758. – Caillard, 1758.  Jacques Roquefore, 1763, inhumé le 9 octobre 1791. – Fatio desservant 1791. puis officier public. – Couturier, Mort en 1800. – Plessis 1800. – L. S. Morais,18l7 – Vincent Leroux, 1825.  – Menard, 1842. – Gauthier, 1877.  Baloge, 1883.- Pasquier, 1894. – Leroy, 1901. La paroisse est restée en interdit pendant plusieurs années de 1908 à 1911. – Pasquier, derechef, l912.
Maires : – Fatio, curé et officier publique,
1792. – Louis Trio, agent, an VI. André Courcimault, an VII. Bernardon, maire, an VIII. – Hermelin, maire, an IX. – Jean-Baptiste Mathurin Leroy maire, instituteur et sacristain, 1810. – Martin Gentien, 1832.- Alex
Rentien, 1838. – François Hénault, 1845. – Alex Rentien, 1848. Martin Gentien, 1857. Louis-Georges Duru, 1864. – Simon Halé, 1870. – Adr.  Neilz, 1879. – André Godard, 1884. – Antoine Daubignard, 1892. – Gustave Savigny, 1900.

Notaires : – Pierre Fiquet, 1491. Jean Fesqué, le jeune, 1567. – Jean Fesqué l’aîné, 1576. – Jean Duru, 1594. Louis Dupui, 1595. – Nicolas Duru, 1608. – Charles Béquignon,1612. Duru père et fils, 1653 à 1706. –
François Raymon, 1697. – Pierre Guichard, 1702 – Duru, 1707 à 1732 – Jean-Pierre Drivet, 1754 à 1768. – jean-Louis Chaillou, 1768 à 1799. – Clément, 1799 à 1812. – Gardien, 1812 à 1816. – Mestivier, 1816 à 1824.
Yvon 1824 à 1836- Chaufton, 1837. Butard, 1841. Yvon jeune, 1847. Cruchet, 1872. Rentien, 1895.
Avant la Révolution,  la paroisse de Morée était du doyenné de Fréteval, de l’archidiaconé de Vendôme, du diocèse de Chartres et depuis 1697, de celui de Blois.  Elle était du Bailliage de Blois, de l’Election de Châteaudun.  Sa moyenne et basse justice appartenait au prieur du lieu, mais la haute justice était au comte de Dunois. L’archidiacre de Vendôme présentait à la cure, qui au XIIIe s.
était d’un revenu de 24 livres et de 600 livres au XVIIIe s.  L’église de Morée est aujourd’hui détruite (1912).  Il n’en resteque les quatre murs et le clocher.  Un incendie l’a faitdisparaître
le 3 octobre 1906.  Elle avait été réparée entièrement en 1868, et son clocher bâti tout à neuf.
L’ancienne église, en mauvais état elle-même datait du XIIè s. et possédait des peintures dont on trouve
encore les traces sous le badigeon plaqué sur les vieux murs encore debout. Cette église était dédiée à Notre-Dame ; on l’appelait, à cause de sa position et de ce qu’elle avait été bâtie sur un emplacement défriché, Notre-Dame des Hautes Forêts. C’était tout d’abord la chapelle même duprieuré, agrandie an XVIIe s., quand elle est devenue paroissiale à la suite de la destruction de l’église St-Martin du bourg.  Pour construire le clocher il y a 50 ans environ, on a détruit un remarquable narthex qui se trouvait devant le portail.  Ce portail était roman et très ornementé.  La voûte ancienne portait inscrits les noms suivants
: François Hâlé et Etienne Breton ; probablement les charpentier et menuisier constructeurs.  La cloche est de 1833, bénite par M. Simon-Laurent Morais, vicaire général (ancien curé de Morée) et a eu pour
parrain M. Vincent Leroux, curé, et marraine, Mme Joséphine du Coudray, épouse de M. de Jouffrey de Villars, La petite cloche, plus ancienne, porte simplement cette inscription : « J’ai été fondue en 1767 » avec la signature de D. Darblay.  Le clocher très élevé se dresse sur cette éminence des Hautes Forêts et se distingue de très loin.  Il est d’une assez heureuse architecture, imitant le style du XIIIe s.
Il paraît que la municipalité en fonctions au moment de l’incendie (1906), se décida à attribuer à d’autres dépenses qu’à la reconstruction de l’église, la somme payée par l’assurance.  Aussi l’évêque de Blois a-t-il cru devoir mettre la paroisse de Morée en interdit.
A côté de dette église sont les bâtiments de l’ancien prieuré, aujourd’hui habitation particulière, appartenant à la famille de Groulard. – Au bas de l’église se trouve l’ancienne ferme du prieuré avec grange des dîmes, dont l’architecture présente des détails intéressants.  Au milieu du bourg, là où est aujourd’hui la place, se trouvait l’église paroissiale dédiée à St-Martin.  Cette église fut la proie des flammes, partageant le sort de la plus grande partie de la ville, en 1652.  On l’abandonne et elle acheva sa ruine au XVIIIe s. Pendant longtemps Morée n’eut en son enceinte pour tout oratoire que la chapelle de son hospice.  Cette vieille église s’appelait au XIIIe s. St-Martin de Lande, d’après le Pouillé chartrain.
Le batiment actuel de la mairie et justice de paix était un manoir du XVe s. appartenant à la famille
Noyer. (voir Hospice). Morée était de longue date réputée ville et fut fortifiée au XVIe s, On voit encore des vestiges de ses remparts qui s’ouvraient par quatre portes : La porte Dunoise, la porte Blésoise, la
porte Vendômoise et la porte des Prés; et en outre la poterne du Trou-au-Cordier. – La permission de se clore de murs avait été donnée aux Habitants de Morée par le roi François ler avant 1547.
La petite ville se compose de six rues principales qu’on appelle rue des Prés, rue de la Tuilerie, rue de la Grande-Fontaine, Grande rue, rue du Mail et rue de Derrière, plus la Place.
justice de Morée : – La Haute justice de Morée appartenait au comte de Dunois.  En fait, c’était tantôt le
bailli de Marchenoir, tantôt celui de Fréteval qui exerçaient les fonctions de bailli à Morée.. – La moyenne et basse Justice appartenait aux moines de Marmoutier, c’est à dire au prieur de Morée.  De là vint qu’à Morée on rencontre deux baillis.  Celui du comtes et celui du prieur du lieu.  Cette justice, au moyen âge, était exercée par un prévôt.
Les appels de ces justices allaient directement à Blois, puis au parlement de Paris, quand le comté de Blois fut réuni à la couronne.  C’est là, du moins, ce qu’une lecture des textes assez vagues et souvent contradictoires fournit d’indications an sujet de ces justices. Deux Sergenteries fieffées, c’est à dire possédées en fief, dépendaient de la justice de Morée. Le bailli général du comté de
Dunois au XVIIIe s. était en même temps bailli de Marchenoir, Morée et Fréteval.
Noms de quelques officiers de justice de Morée. – Les officiers du fief laïc et ceux du fief ecclésiastique sont ici confondus, car il est souvent fort difficile de les distinguer. – Radulfus, prépositus de Moreis, 1191, (Cartul. blés. de marm. 188). – Crispinus, id., 1239, (id. id.). Louis Vignon, lieutenant de Madame (la Dsse de
Longueville) au balliage de Morée, 1616, (reg. paroissiaux). – François Rayneau, ,juge de la justice du prieuré, 1626 (id.). – Etienne Bequignon, Sgr de la Bretonnière et de la Maugerie, juge de la justice du prieuré en 1668, (Arch.  L.-et-Cher, G. 1828). – Jacques Orry, bailli du prieuré 1679, (id.1826) – Jean Noyer, procureur fiscal, 1697 (Collection Bernault). – Philippe Baudron, lieutenant général de Fréteval et Morée,
1726, (Arch. L.-et-Cher, 733). – Jacques Henri François Cadot, lieutenant général de Fréteval et Morée, 1788 (Collection bernault).

Histoire et Faits divers : – La présence des Romains à Morée n’est pas douteuse.  La grande route romaine du Mans à Orléans passait là le Loir, à gué souvent, et à une certaine époque sur un pont dont on voit encore les restes.  Elle gagnait la plaine de Beauce en traversant le lieu ou fut édifié le bourg de Morée.  Les fondations d’une villa gallo-romaine y ont été découvertes en 1873 ou 1874 au lieu
appelé le Dué ou Duet.  Mais le bourg de Morée lui-même doit sa naissance et sa prospérité première à
l’établissement du prieuré du lieu.  Il se forma vers la fin du XIe s., au moment de la grande donation du comte et la comtesse de Blois. La population de ce bourg fut assez dense au XVIe s. pour qu’on lui permit de prendre le nom de Ville et de s’entourer de murailles.  Ce fait eut lieu sous le règne de François ler, attendu qu’en 1547 une assemblée d’habitants parle de la cotisation due par le curé du lieu « pour le faict de l’enclosture de la ville de Morée ».
Ces clôtures servirent principalement au temps des guerres de religion, où Morée eut particulièrement à se soustraire aux exactions des gens de guerre.  Les habitants ne tinrent pas moins de 34 assemblées (de 1491 à 1611) dont les procès verbaux sont conservés aux archives d’Eure-et-Loir.  La plupart de ces assemblées eurent lieu au temps des troubles et avaient pour but de pourvoir à la défense de la
ville, à la réparation des murs d’enceinte et à la façon de se libérer des exigences des chefs de guerre passant par le pays. On trouve en 1585 un gouverneur de Morée nommé par le roi.  C’est Pierre du Roullet, Sgr de Richebourg.  On le voit à cette date faire un accord avec le Sgr de Romilly-sur-Aigre au sujet de la pêche. Ce Pierre du Roullet, en 1599, tint pour le roi Henri IV.  Mais les murailles de Morée
n’empêchèrent pas le sieur de la Chastre, gouverneur d’orléans pour la Ligue de mettre les habitants de la ville de Morée à forte contribution.  Il exigea d’eux le paiement de la somme de 700 écus, ce que les habitants refusèrent.  Et il leur aurait fait un mauvais parti, ayant menacé de brûler leur ville, faute de paiement, si les gens du parti du Roi n’étaient venus s’y opposer.  Le fait est constaté
par le procès verbal d’assemblée d’habitants le 11 novembre 1592. Le 10 avril 1632, veille de Pâques, Morée fut envahie par une troupe de gens armés qui tua le sieur Soefve, chirurgien et capitaine de la bourgeoisie de Morée et saccagea la ville. Mais la pauvre ville eu particulièrement à souffrir au temps de la guerre de la fronde, ce que constate l’insertion suivante faite aux registres paroissiaux de 1652 : « Le dimanche 7 avril 1652, a été enterré en l’église de Fréteval le corps de la défunte femme d’honneste personne Mre Jacques Vassour, de cette paroisse, laquelle est décédée en la ville de Vendôme pour avoir évité les rages, passions, violences et ruynes totales des armées du roy.  Et Mazarin son conducteur à la ruyne la mise (ici plusieurs mots illisibles) de Mons. de Beaufort party contraire contre Mazarin qui ont tous pillé avec viols femmes et filles, entièrement saccagé, violé, sacrilège et profané toutes les Saintes églises partout ou ils ont passé dans le mois de mars 1652 dont tout est perdu sans aucune réserve que ce soit et à environ la feste de Pasques, la semaine de la Passion et la Semaine Sainte. » – (Ce factum
n’est pas signé mais est de l’écriture du curé Estillart).

Le 19 septembre de cette même année 1652, un autre malheur vint achever la ruine de Morée.  Il est raconté aux mêmes registres dans les termes
suivants : « Le 19 septembre 1652, la ville a esté brullée entièrement et a commencé en la maison du nommé Toussaint Fiquet, par ses enfants qui ont mis le feu à la maison par du chaume qui estait en icelle maison qui est la cause efficiente de l’incendie générale (sic) dont tous les pauvres habitants de la ville ont tout entièrement perdu et ont été contraints de s’en aller la plus grande partie mendier leur pauvre vie.  La dite incendie (sic) n’a duré pas plus de quatre heures. » – (Cet écrit, non signe, paraît être de la main du vicaire).


La ville de Morée paraît ne s’être jamais remise de ce désastre.  C’est à ce fait sans doute qu’on doit de ne l’avoir pas vue prospérer et s’étaler hors de ses remparts du XVIe s. dont les vestiges subsistent encore.
Morée était pourvue d’une municipalité composée de deux échevins nommés par les habitants.  Nous n’avons rencontré qu’un seul d’entre eux : Nicolas Périgault, qui exerçait, en 1589.
Au XIXe s. un bourgeois de Morée appelé Hilaire Noyer donna sa maison qui formait un joli manoir du xve s. pour en gratifier l’hospice.  C’est l’Hôtel de Ville actuel, où l’on conserve le portrait du donateur et différents tableaux et gravures lui ayant appartenu.  L’acte de donation fut passé devant Maitre Bercéon,
notaire à Paris, le 9 avril 1823. En 1909, la commune de Morée vient de construire un pont sur le Loir et une route allant rejoindre directement la station du chemin de fer à Fréteval.
Ecoles de Morée : – Une école existait à Morée dès le XVIe s. En l’an 1584, un appelé Julien Leclerc était maître d’école et une assemblée d’habitants lui votait une rente de 3 setiers et mine de blé méteil, assise sur le lieu des Hauts-Vents, autrement dit la Touche, rente qui jusqu’alors appartenait à l’église. On rencontre parfois les noms de ces maîtres d’école aux registress paroissiaux.  Mais les petites écoles de Morée ne furent réellement fondées qu’en 1658 par une dame appelée Marie Amelot,
marquise de Boutteville, épouse séparée de biens de M. Charles de Béon de Luxembourg de Macé, qui le 16 mai de cette année-là, donnait 200 livres de rente au capital de 4000 livres « pour l’entretien d’un précepteur maître et d’une maîtresse ‘école au bourg de Morées » La donatrice ajoutait
ensuite 50 livres de rente annuelle au sieur curé et à ses successeurs pour obtenir d’eux la surveillance sur cette maison. Elle était fille de Denis Amelot, sieur de Chaillou qui fut conseiller d’Etat et de
Marguerite de Drac, et soeur de Jean Baptiste Amelot, maître des requestes et prieur commendataire de Morée.  Elle mourut le 15 janvier 1702 à 97 ans.
L’école, étant venue à péricliter, fut l’objet d’une nouvelle générosité de la part de messire Jean Amelot de Chaillou, conseiller et aumônier du roi, aussi prieur commendataire de Morée et neveu de la
bienfaitrice.  En l’année 1717, il passait contrat avec les filles de la Charité de St-Vincent de Paul qui tenaient l’hopital, et réunissait les biens de l’école à ceux du dit hôpital.  Les soeurs étaient alors
chargées du soin des deux établissements, l’école et l’hôpital.  Il en fut ainsi jusqu’à la Révolution.
Rétablie en 1815, cette école religieuse de filles dura jusqu’à notre époque coutemporaine.  Elle est aujourd’hui laïcisée.
Hôpital de Morée : – Il existait à Morée, sans doute de longue date « une maison destinée pour les oeuvres de charité envers les pauvres malades » Mais on ne sait quel était son fonctionnement, lorsqu’il vint à un prieur commendataire de Morée l’idée généreuse d’organiser d’une maniere durable cet établissement et de le pourvoir des revenus nécessaires.  C’était messire jean Amelot de Chaillou, maître des Requestes, qui était prieur commendataire de Morée et frère de la fondatrice de l’école.  L’acte de fondation de l’hôpital fut passé à Paris devant Desnot et Manchon, notaires au Chatelet, le 9 septembre 1675. Cet acte portait accord avec les filles de charité de St-Vincent de Paul lesquelles s’engageaient à entretenir là deux soeurs de leur ordre qui non seulement étaient destinées à prendre soin de l’hôpital
mais encore, dans certains cas, à soigner les malades à domicile.  Le fondateur, pour cela, dotait l’établissement d’une rente de 1000 livres.  On l’appela depuis la maison de charité de M. de Chaillou.
(Collection Bernault, papiers de Morée).
Par un arrêt du Conseil d’Etat en date du 4 mai 1697, le roi réunissait à l’hôpital de Morée les
biens de la Maladrerie de Fréteval et de celle de St-Christophe de Viévy qui n’avaient plus d’utilité, la lèpre ayant disparu.  Le revenu de l’hôpital dé Morée était peu de temps après estimé valoir 2.500 livres.  C’est alors que le prieur de Morée, petit neveu du fondateur appelé Henri de Béon de Luxembourg crut devoir en 1717 ajouter une troisième soeur pour la charger des soins de l’école des filles et annexer aux revenus de l’hôpital ceux qui avaient été destinés par Madame de Béon à la primitive école fondée en 1658.
En 1772 une ordonnance du Conseil d’Etat créait un bureau d’administration de l’hôpital composé du bailli du lieu, du procureur fiscal, du syndic des habitants, du curé, du vicaire, du prieur et de deux habitants élus pour six ans par l’assemblée de la Communauté.  Il existait à cet hôpital une chapelle fondée, dédiée à St-Etienne.  Son revenu au XVIIIè s. d’après le chanoine Ditely était de 100 livres.
Cet hôpital fut laïcisé au moment de la Révolution.  Les Gardes Nationaux du lieu expulsèrent les soeurs
garde-malades et la maîtresse d’école et les injurièrent de telle sorte que le 23 janvier 1792, le Directoire de Vendôme crut devoir commettre deux de ses membres, les nommés Arnoul et Bordier, pour venir faire une enquête sur ces faits odieux.  Nous en ignorons le résultat.  Les biens de cet hôpital et de l’école furent vendus natiolialement enl’an IV.
Le 9 juillet 1815 un nouveau contrat fut passé avec les religieuses de la Sagesse établies à St-Laurent sur Sèvre (Vendée).  Celles-ci prirent soin de l’hôpital et de l’école.  Mais l’école leur fut retirée ces dernières années.  Elles sont encore à la tête de l’hôpital. Cet hospice de Morée bénéficier en 1823 d’un don fort
important.  Par acte devant Bercéon, notaire à Paris, M. Hilaire Noyer, « désirant rendre plus salubre l’hospice de Morée » lui faisait donation entre vifs de la maison qui lui appartenait, et qui était connue
sous le nom de L’Ancien Château, sans doute résidence des anciens gouverneurs de la ville.
D’autres dons et legs vinrent encore enrichir l’hospice de Morée; notamment en 1856, de la part de Mme de jouffrey de Villars, (12 mille frs.)
Les bâtiments de l’hospice furent alors augmentés, et finalement reportés dans les dépendances agrandies de l’ancien château où il est encore aujourd’hui, tandis que le château lui-même, avec sa tourelle d’escalier d’un gracieux effet, sert d’Hôtel de ville et de justice de paix.

Prieuré de Morée-Francheville : – Armes : D’argent à trois fasces d’azur (Loiret-Cher historique, 1889, P. 53). – Il relevait jour la justice de la baronnie de Marchenoir. – La fondation de ce prieuré, où du
moins l’établissement primitif des moines de Marmoutier en ce lieu, passe pour avoir comme origine la donation faite vers 1045 par une dame de la ville de Châteaudun, appelée Emeline.  Elle donnait aux moines de Marmoutier la moitié de l’église (c’est-à-dire du produit de l’église) de St-Lubin de Moree, qui depuis devint St-Lubin des Prés, avec la moitié de tout ce qui appartenait à la dite église, dîmes, offrandes, sépulture, etc. et encore 4 arpents de prés et combres en la rivière du Loir, et de
plus la moitié de la terre d’une charruée qui appartenait aussi à cet autel.  Cette terre d’une charruiée passe pour avoir été la première assise de leur obédience.
Emeline était approuvée là par son fils Herbert, sa fille Rotrude, et Hervé, fils de celle ci, et encore par son
frère Guillaume avec la fille de celui-ci appelée aussi Rotrude. Hugues, vidame de Chartres, suzerain du lieu, donnait son consentement, ainsi que Thibault, comte de Blois (Thibault III), seigneur
dominant. Les moines durent racheter incontinent l’autre moitié  de cette église car on les voit peu après en être les maîtres incontestés.

Mabille, dans son Introduction au Cartulaire dunois de Marmoutier, nous apprend que cette primitive obédience de Morée n’étant pas assez importante pour constituer un prieuré, fu rattaché au prieuré de chamars, près Chateaudun.
Cet établissement primitif s’augmenta encore de différents donations ou ventes faites par divers personages habitant la contrée.  C’est ainsi que Nivelon de Fréteval, fils de Foucher, offrit tout le bois s’étendant de Fréteval jusqu’aux lieux appelés Petra Sigillaria, avec le bois du Comte et Mongentil.  Puis encore Hubert, fils de Mannon ou Magnon, du conselitement de Hesceline son épouse et de
ses filles Auburge et Agnès, donna une terre sise en la Forêt-Longue proche le château de Fréteval en un lieu ou jadis s’élevait un castel appelé Foliolum.  Pour cela Hubert recevait 30 sous, sa femme
Hesceline 10 sous et chacune de ses filles 5 sous. La charte consacrant ces choses était datée de 1098.
Le même Hubert, fils de Magnon, au moment de marier sa fille Auburge à Geoffroy Norman, offrit encore aux moines toute la terre appelée la Chaintre, située entre les nioulins des moines et la clltpelle de St-Cyr.  Geoffroy Norilian approuvait ces choses, ce qui ne l’empêche pas plus tard de les revendiquer, ainsi que celles données par son propre père Hubert le Prévot.  Mais les moines finirent par lui faire abandonner ses injustes prétentions. Environ le même temps, deux frères, Robert Michael et Alniare,offrirent encore une aire de moulin à côté de celui des moines à Morée même et en outre des
terres et prés entre Fréteval et Vernouillet.  Et ces terres et prés passent pour être ceux qui en partie donnèrent lieu à l’établissenient du prieuré St-Nicolas de Fréteval.
Encore vers la même époque, une femme appelée Guilburge, et ses enfants appelés Hervé-Grivelle, Reginald, Hugues Morel et Genta leur soeur, donnèrent tout ce qu’ils possédaient de la
Forêt-Longue entre Fréteval et Vernouillet.  Et pour cela Hervé eut 13 livres, sa mère 10 sous, Reginal 4 sous, Hugues Morel et sa soeur Genta, chacun deux sous.
Mais le véritable fondateur du prieuré de Morée est le Comte Etienne de Blois, avec sa femme Adèle, fille de Guillaume le Conquérant, roi d’Angleterre et duc de Normandie. Voulant favoriser les moines de Marmoutier dans l’abbaye desquels étaient enterrés ses parents, il leur donna, de son patrimoine, un large terrain pris dans le bois appelé Silva Lonia (qu’on a appelé depuis la Forêt-Longue), lequel terrain était situé entre le château de Fréteval et Froid-Mantel (Frémenteau) proche le fleuve appelé Loir (inter castrum qod vocatur Fracta Vallis et Frigidum Mantallum, juxta flufium qui Leda
noncupatur). Comme le Comte partait pour la Palestine, il chargea son épouse de faire délimiter ce terrain.  Cette terre était offerte aux moines complètement franche et libre de toutes charges, envers les
seigneurs donateurs.

Adèle, en l’absence de son mari, se chargea de faire borner la nouvelle concession et elle appela Francheville (Franca-Villa) le prieuré que grâce à ses générosités, les moines de Marmoutiers purent édifier en ce lieu.

C’est alors que Yves, évêque de Chartres, en l’année 1099, permit aux moines de construire une église au lieu appelé Francheville.  On donna plus tard à cette église, d’après Pétigny, le nom de Notre Dame des
Hautes-Foréts. Ce nom de Francheville donné au prieuré naissant persista tout le cours du moyen age, mais peu à peu lui fut substitué le nom de Morée pris par le village moyen âge édifié tout d’abord par les
moines. Pour jouir en paix des terres concédées par le comte de  Blois et sa femme Adèle,
les moines de Marmoutier durent encore composer avec ceux de St-Calais qui possédaient une dîme en ce lieu.
Pour les satisfaire, la Comtesse Adèle donna à ces moines de St-Calais une certaine quantité de terrain, ce qui leur fit abandonner leurs prétentions (1101). Les limites de la concession de la comtesse de Blois agissant au nom de son mari, sont données dans une charte datée de 1104 (Cart.  Dunois de Marin. 77). Elles partaient de la Vallée-Probat (ou Vallée-Prouvé) qui était vers Sécheray pour aboutir au loir vers le midi, et vers le nord allaient gagner les taillis de Vernouillet sans comprendre toutefois les possessions du fief qu’on appelle Frigidum Mantellum (Frémenteau).  Il est visible que c’était là tout le territoire de la
paroisse, aujourd’hui commune de Morée. En 1107, le jeune comte de Blois, fils d’Étienne et d’Adèle, l’année même où il fut armé chevalier, approuva toutes les donations de la Comtesse sa mère et le prieuré de Francheville fut ainsi définivement constitué. Vers la même année les moines eurent encore à régler un litige avec Hamelin de Langeais, seigneur de Montoire, qui avait de ce côté certains fiefs sur les deux rives du Loir, fiefs qu’il abandonna aux moines.  Ils étaient situés entre Fréteval et Frémenteau dans la vallée de Lagueit ; et encore avec Geoffroy Grisegonelle, comte de Vendôme et Eschivard de Preuilly son frère, qui prétendaient avoir des droits sur les fiefs de la contrée.  Les moines les apaisèrent en donnant à Geoffroy 15 sous de monnaie angevine et 20 sous à  Eschivard son frère; et en outre, avec Nivelon de Fréteval, qui revint sur ses concessions et avec lequel on fit un nouvel accord en 1119, moyennant quoi, Nivelon ayant reçu 1100 sous de deniers dunois, et sa femme Béatrix 20 sous, tous deux laissérent aux moines de Morée la faculté de bâtir, de pêcher dans le Loir, et , mais ils gardèrent le droit de marché à Morée.  Ce ne fut qu’après cet accord de 1119, dont la Charte est établie par ordre du Comte Thibault, que les moines de Morée eurent vraiment la paisible Possession de leurs biens et la jouissance de leurs privilèges.
Leurs propriétés s’augmentèrent encore au cours des XIIe et XIIIe s. de la part des seigneurs de la contrée, vers la Morchière, (la Mercerie), vers Villeprover, et ailleurs.
En 1261 eut lieu une enquête contradictoire entre le mandataire du Comte de Blois et le prieur de Morée au sujet de la justice du lieu.  De cette enquête il résulte 1° que la haute justice de Morée appartient au Comte, mais que la justice particulière du prieur va directement en appel au Roi, (c’est-à-dire au Parlement de Paris).  L’aveu du Cte de Dunois en 1586 porte cependant que le prieuré relève en fief de Marchenoir. Le droit de garde du prieuré appartient au seul prieur; mais le Comte a le droit de requérir le serment de fidélité de la part de quiconque. – Certains autres droits étaient encore là réglés entre eux.
Dans les 25 premières années du XIVe s., l’Abbaye de Marmoutier ayant envoyé des inspecteurs
pour visiter les divers prieurés dépendant d’elle, trois visites furent faites au prieuré de Morée en 1316, 1322 et 1325- Il fut trouvé en bon état, et les moines au nombre de quatre ou cinq, compris le prieur,
menaient une vie exemplaire selon les règles religieuses. Une pièce du XVe s. reproduite tout au long par Bouchet au Bulletin Vendômois (1873, P. 296 et suiv.), donne le détail de l’état du prieuré, de ses possessions et revenus.  Bouchet résume cette pièce en les lignes suivantes reproduites ici textuellenient. « Le prieuré de Morée était riche comme on le voit : En fait de biens, il possédait : Deux grands corps de logis, une pièce de terre de trois setiers de blé, une noue de 8 livres de revenu, une métairie assez considérable, 24 arpents de pré, une partie du Cours du Loir (de Villeprover au Gué-St-Lubin), au moins deux moulins à blé, un à draps, 2 arpents de vigne, Un muid de terre, 20 [autres] quartiers de pré,
une autre pièce de pré, de grands jardins, enfin une rente de 47 sous 6 deniers et deux poules. – En fait de droits seigneuriaux il avait : le droit de justice en partie, la banalité du four, du pressoir et du moulin
(de Morée), le ban à vin, les cens, les gants et ventes, le terrage des orges et des avoines dans l’énorme proportion d’un sur six en général.  Le terrage des blés appartenait il est vrai, à l’abbé de Marmouttier ; mais le prieur avait au moins les pailles et balles qui rapportaient encore 8o livres.  Enfin il avait la dîme sur tous les grains et le menu bétail.  C’étaient à peu près tous les grands droits féodaux ».
Sur ces revenus le prieur devait payer les gages du juge qui se montaient à 5 escus et ceux du procureur de la seigneurie, cent sols tournois.  Quant au greffier il n’avait point de gages fixes. – Le curé de Morée recevait du prieur, pour son gros, trois muids de blé, deux tiers froment et un tiers seigle, et quatre poinçons de vin, etc.
En 1520 le prieuré possédait encore trois compagnons (outre le prieur qui ne résidait pas toujours).  Il devait le logement à ceux des moines qui passaient pour se rendre au chapitre général.  Il devait payer annuellement au couvent 100 sous, aux officiers claustraux 49 sous, et pour la dîme de ses biens 60 sous.
Au XVIIIe s., le prieur passait pour avoir un revenu de 3000 livres avec 1500 livres de charges.  Ce prieur était alors à la nomiation du roi.

Au XVIIIes. les bâtiments du prieuré étaient loués à Pierre de Bernardon, écr ,Sgr de Bouville et de la Musse, et Jeanne Le Courtois, son épouse, qui y demeuraient en 1752. Eglise et prieuré étaient dans une enceinte défendue du côté de la ville par un fossé large et profond que traversait un pont de pierre, jadis pont-levis.  Ce fosse subsistait encore, vestige pittoresque du moyen-âge, jusqu’au commencement du XXe S. Mais ces temps derniers, une municipalité aussi mal avisée qu’ennemie du passé, vient d’en ordonner le comblement. Le Prieuré a gardé son nom de Prieuré et est aujourd’hui habitation particulière. – Voir Prieuré.

Prieurs de Morée : (Ces prieurs jusqu’au XVIe s. se rencontrent au Cartul de Marmoutier). – Radulfus 1101. Laurentius 1123. – Hugo 1139. – Buchardus 1186. – Lambertus 1191. Henri Megrein 1302. – Geoffroy Malefroy 1322. – Jean Faugeais 1383. Guillaume de Bray 1399. – Guillaume Brestel 1415. – Briant Pasquier 1442. – Regnault de la Tour 1468. – Pierre de Cornilly 1515. – Nicolas de Louviers1523. – jean de Salignac 1552. Jean Amelot, entre 1597 et 1601. Jean-Baptiste Amelot, Conseiller au Grand Conseil, puis maître des Requestes. Il est prieur de Morée avant 1647 et encore en 1658, il meurt en 1687 ; il est frère aîné de Mme de Béon de Luxembourg. la fondatrice de I’Ecole, et fonde lui-même l’hôpital, 1647 à
1687. (Arch. de l’hôpital de Morée). – Henri Auguste de Béon de Luxembourg, fils de la sus dite fondatrice et petit neveu du précédent, 1687 (?) à 1699. (Bulletin vendômois, 1866, p. 195, et La Chesnaye des
Bois). Jean-Jacques Amelot, neveu breton du précédent 1700 à 1717 et plus tard. Gabriel-François Moreau, évêque comte de Mâcon abé commendataire de St-Sauveur d’Aumane (diocèse de Montpellier), aumônier de sa Majesté, ancien conseiller au Parlement, prieur commendataire du prieuré et
seigneurie de Notre-Dame de Morée, 1776 et 1789 (Arch.  L.-et-Cher, G, Liasse de St-Claude Frémentel, et Mémoires de Duchemin, t, II, p. 171).